top of page

2.4 Les « fear foods »

  • Photo du rédacteur: annem111
    annem111
  • 2 juin 2021
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 juin 2021


Pizza, lasagnes, gâteau, glace, chocolat… J’ai volontairement inclus ces exemples dans mes propositions de repas, car j’estime qu’ils font partie du paysage alimentaire

« normal », du moins dans notre culture et à notre époque. La plupart des français consomment ces aliments (ce qui ne signifie pas qu’ils ne consomment que ces

aliments !). Pourtant, pour les personnes malades de TCA, cela ne va pas du tout de soi.


Elles ont, en l’occurrence, des « fear foods », autrement dit, des nourritures qui leur font peur. Ces peurs peuvent se porter sur différents types d’aliments, les plus fréquents étant : le pain, les pâtes, les matières grasses (cuisiner avec du beurre, de l’huile), le sucre et les desserts en général.


Le schéma est souvent celui-ci :


- Ces aliments ont, à un moment ou un autre, pour une raison ou une autre, été déclarés « mauvais », « grossissants » ou « dangereux ».

- La personne les a réduits ou supprimés (avec plus ou moins de succès).

- C’est principalement sur eux que se portent les crises.


Il y a bien évidemment un lien de cause à effet entre ces trois points ; c’est logique, les crises de boulimie ne se portent pas en priorité sur des aliments « neutres », mais sur des aliments qui font l’objet de restrictions. Pourtant, les personnes boulimiques ne voient pas ce lien, car elles raisonnent plutôt de cette façon : « puisque ces aliments me font criser, c’est qu’ils sont mauvais, je dois donc les supprimer ».


On a là encore affaire à un cercle vicieux…



*******


Comment aborder ce sujet ?


Il est vrai que certains aliments problématiques reviennent souvent : ceux à base de sucre et de farines blanches notamment. On peut en conclure qu’il faut les éliminer totalement (c’est par exemple la méthode No Sugar, No Flour).


Ceci a cependant plusieurs inconvénients, le principal étant que la personne doit réussir à se sevrer à vie, sous peine de rechuter. En outre, on peut objecter que les crises de boulimie ne se portent pas seulement sur ces aliments : la viande, le fromage, les noix grillées/salées sont aussi très fréquents, ainsi que bien d’autres aliments pourtant moins tentants (boîtes de thon ou de raviolis froids, plats encore congelés...), tout simplement parce que les crises peuvent se faire, au final, sur plus ou moins n’importe quoi.


Comme on sait que supprimer des aliments a plutôt tendance à favoriser les crises, la plupart des approches incitent à réintégrer les « fear foods ». Cela peut se faire de façon plus ou moins progressive, plus ou moins structurée (méthode type « structured

eating ») ou au contraire intuitive (« intuitive eating » ou alimentation intuitive).


Je pense que ce sont des logiques intéressantes, et qu’il convient en effet de se réhabituer à consommer des « fear foods ». Il semble aussi que la façon de faire dépende beaucoup des personnes. Certaines se sentent prêtes à se lancer tout de suite, et à remanger pizza, fromage, chocolat… D’autres ont besoin d’avancer plus doucement, en achetant par exemple une nouvelle « fear food » par semaine.



*******


Au regard de ces questions, il est utile de revenir sur la notion de repas, et d’une manière générale de structure alimentaire (le « structured eating » américain étant une approche plus spécifique, avec des « meal plans », des quantités précises à respecter, etc… que je n’aborde pas ici car ce n’est pas ma façon de faire).


On l’a vu précédemment, les repas sont une bonne façon de combiner les groupes d’aliments entre eux, de manière à obtenir un ensemble nutritif qui, s’il n’est pas parfait, est tout de même très satisfaisant. C’est aussi un excellent moyen pour réintégrer ses

« fear foods » : on peut ainsi ajuster les quantités selon ses ressentis (si on est très réticent, on achète de petites portions) et associer ce qui fait peur, ou ce qui est peut-être moins « bon » d’un point de vue nutritionnel, avec des aliments ayant un autre profil.


Je n’aime pas dire que certains aliments sont « mauvais » (et donc que certaines peurs seraient justifiées). Il faut néanmoins reconnaître qu’une partie de la nourriture actuelle n’est peut-être pas optimale pour notre corps. Je pense notamment aux « calories vides », déjà mentionnées plus tôt ; je fais partie des personnes qui s’en méfient (elles n’apportent pas de nutrition) mais qui ne les suppriment pas (il ne faut rien s’interdire).


Il existe aujourd’hui un certain nombre de théories qui postulent que les aliments à

« calories vides » pourraient être responsables de l’épidémie d’obésité : les personnes obèses ne seraient pas sur-nourries, mais bien plutôt sous-nourries. En ne consommant que des aliments séduisants gustativement mais pauvres nutritionnellement (fritures, pain blanc, viandes et sauces industrielles, sodas, desserts…), elles seraient en permanence « affamées » (pas en termes de calories bien sûr, mais en termes de micronutriments).


C’est aussi en partie pour cela que les repas type « MacDo » n’apportent pas une satiété durable. Pour ma part, j’ai pris l’habitude de toujours les compléter avec une salade et/ou un fruit, et j’encourage chacun à en faire l’expérience : ils deviennent beaucoup plus rassasiants (l’organisme semble ainsi bien recevoir l’information qu’il a été nourri).



*******


Sur son site internet Eat Like a Normal Person (et dans son livre à paraître Foods that Lie, i.e. « les aliments qui mentent »), la néo-zélandaise Libby propose ce schéma :

Dans le cercle de gauche,

les aliments « bons au goût » ;

dans le cercle de droite,

les aliments « peu nutritifs » ;

au centre (en jaune), les aliments perçus comme

« addictifs ».


De même que les boissons alcoolisées n’apaisent pas la soif, les aliments « qui

mentent » n’apaisent pas la faim ! Nous pourrions nous en passer, mais ils font désormais partie de notre culture, ils nous apportent du plaisir, et les supprimer entraîne un sentiment de privation…



*******


Là encore, j’en conclus qu’il faut manger de tout en faisant de vrais repas. Les aliments peu nutritifs se trouvent ainsi mélangés à d’autres, ce qui neutralise leur possible caractère « addictif », s’ils sont consommés exclusivement.


C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne suis pas tous les principes de l’alimentation dite « intuitive », selon lesquels on mange certes de tout, mais de façon peu structurée. Il me semble que cette façon de se nourrir peut, effectivement, favoriser la surconsommation de certains types d’aliments (en particulier si on s’en est privé pendant longtemps, ou si on n’est pas habitué à consommer autre chose).


Les approches que j’estime les plus pertinentes sont celles qui savent articuler structure ET permissivité.


En cela, je m’éloigne de la plupart des méthodes américaines, dont le libéralisme alimentaire est souvent poussé trop loin à mon goût (la tendance actuelle semble être le « all in », c’est-à-dire la renutrition ad libitum ou « à volonté », sans autre forme de consigne).


J’apprécie et je rejoins plutôt la vision de quelques auteures indépendantes : en particulier la sus-citée Libby et, plus axée sur la rééducation après les régimes, la canadienne Kelly Clark (présente sur le site The 10 Principles et auteure du livre It Took Me 10 Years To Lose 10 Pounds).


Ces approches ont aussi le mérite d'être ce qui, dans notre contexte culturel, se rapproche le plus d'une alimentation « normale ».



**************************************************************************



« Calories vides » et « calories pleines »


Dans tous nos aliments, on distingue deux types de nutriments.


- Les macronutriments fournissent l'énergie (les calories) dont le corps a besoin. Ils sont composés de glucides, de protides et de lipides. Ils représentent (avec l'eau et les fibres) environ 98% de ce que nous mangeons.


- Les micronutriments sont une famille de plusieurs dizaines de molécules dont les vitamines, les sels minéraux et les oligo-éléments. Ils ne représentent que 2% de ce que nous mangeons et ils ne fournissent pas d'énergie (calories), mais ils interviennent dans de nombreuses réactions chimiques et sont indispensables au fonctionnement de l'organisme.


Les aliments à « calories vides » sont des aliments qui apportent des macronutriments mais pas ou peu de micronutriments. Il s’agit, pour la plupart, d’aliments industriels très transformés.

A contrario, les aliments entiers et naturels (tels qu’on les achète par exemple sur un marché) sont des aliments à « calories pleines », car ils contiennent à la fois des macronutriments et des micronutriments.





Posts récents

Voir tout
2.1 Accepter de prendre du poids

Toutes les approches anglo-saxonnes concordent sur ce point : pour guérir, il faut passer par une phase où l'on mange vraiment beaucoup....

 
 
 
2.3 Gestion de crise

Nous venons de voir les principes concernant les repas. Maintenant, que faut-il savoir au sujet des crises ? La question de faire des...

 
 
 

Comments


bottom of page