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1.7 Le métabolisme

  • Photo du rédacteur: annem111
    annem111
  • 2 juin 2021
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 juin 2021


Le métabolisme est une seconde notion qui va nous être utile. Tout le monde sait plus ou moins de quoi il s’agit, mais prenons tout de même le temps de le définir précisément… avant de démonter un certain nombre d’idées reçues.


« Le métabolisme est l'ensemble des réactions chimiques qui se déroulent à l'intérieur d'un être vivant et lui permettent notamment de se maintenir en vie, de se reproduire, de se développer et de répondre aux stimuli de son environnement. » (Wikipédia)


Dans notre corps, la notion de métabolisme regroupe toutes les fonctions organiques, musculaires, cellulaires, qui nous maintiennent en vie. Le métabolisme procède de deux types de réactions chimiques : l’anabolisme et le catabolisme. La première assimile les éléments issus de notre alimentation, la seconde les transforme en énergie, nécessaire aux différentes fonctions (respiration, digestion, circulation sanguine, locomotion, etc.).


Le système métabolique puise dans l’alimentation que nous lui fournissons trois catégories de nutriments : les protides, les glucides, les lipides. Il transforme ces nutriments en énergie : les calories.


C'est la glande thyroïde qui régule en grande partie ces processus en secrétant différentes hormones.



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Au regard des apports énergétiques, on distingue deux façons de considérer le métabolisme :


==> Le métabolisme basal (ou « de base ») détermine la quantité minimale d’énergie dont le corps a besoin pour accomplir ses fonctions vitales.


==> Le métabolisme dit « actif » correspond au métabolisme basal, auquel on ajoute les besoins nécessaires pour les activités quotidiennes (c’est-à-dire toute activité autre que celle qui consisterait à rester allongé immobile sur un lit).



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On a ainsi postulé plusieurs choses concernant la régulation du poids corporel :


- Notre poids serait stable lorsque nos besoins et nos apports énergétiques seraient équilibrés (calories entrantes = calories sortantes).


- Notre poids augmenterait lorsque nos apports énergétiques seraient supérieurs à nos besoins (calories entrantes > calories sortantes).


- Notre poids diminuerait lorsque nos apports énergétiques seraient inférieurs à nos besoins (calories entrantes < calories sortantes).



C’est la vision « traditionnelle » des calories, dont découle la principale méthode

« traditionnelle » pour perdre du poids : le régime hypo-calorique (ou d’une façon générale, les restrictions caloriques).


De nombreux éléments tendent aujourd’hui à montrer que cette théorie « calories entrantes/calories sortantes », si elle n’est pas totalement fausse, est cependant dépassée.


Tout d’abord, on sait depuis longtemps que les régimes hypo-caloriques sont

inefficaces : ils entraînent au mieux une reprise du poids (95% des cas), au pire des TCA (5% des cas). Inutiles et dangereux, ils doivent être abandonnés. Ensuite, on sait que les apports caloriques ne sont pas le seul facteur ayant une incidence sur le stockage ou le déstockage des graisses (l’influence d’hormones telles que l’insuline et le glucagon étant un facteur au moins aussi important, et qui relativise grandement la notion de calorie). Enfin, il semble que notre façon d’approcher le métabolisme soit, elle-même, à revoir.



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Dans son livre Recover from Eating Disorders, Gwyneth Olwyn explique les choses de cette façon : si les régimes ne sont pas efficaces, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont difficiles à tenir. C’est aussi (et surtout) parce qu’en même temps qu’ils font perdre des kilos, ils font chuter le métabolisme. Le corps s’adapte en effet très rapidement au déficit énergétique, ce qui entraîne plusieurs conséquences :


- La personne a moins d’entrain, elle se sent fatiguée, elle dépense moins de calories même en faisant du sport (l’organisme protège ainsi ses fonctions vitales en étant moins « dépensier » sur des fonctions moins essentielles).


- La personne atteint alors des phases de plateau, où le poids ne descend plus (pour continuer à mincir, il faut encore diminuer les rations).


- Le corps commence à métaboliser ses réserves : il ne va pas seulement puiser dans les stocks de graisse (plutôt utiles en cas de disette), mais aussi dans tous les tissus, les muscles, les organes et les os (il « se mange » en quelque sorte lui-même).


- Les fonctions vitales faiblissent peu à peu : pouls plus lent ou irrégulier, baisse de la tension artérielle et de la température corporelle (la personne a tout le temps froid), digestion difficile, mauvaise circulation sanguine, baisse ou disparition de la libido, chez les femmes dysménorrhée ou aménorrhée (arrêt des règles), etc.


- La peau, les ongles, les cheveux deviennent secs, fragiles ou déséquilibrés (acné, eczéma, teint gris ou jaune, chutes de cheveux, infections des ongles…).


- Une hypothyroïdie s’installe progressivement.



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Personne n’en parle, mais c’est un fait : les restrictions caloriques font subir à l’organisme un stress considérable. Les différentes altérations sur les fonctions vitales et les organes sont précisément les symptômes d’un état de malnutrition ou de « semi-famine ».


On comprend donc bien pourquoi la plupart des personnes craquent, abandonnent ou assouplissent leur régime, et reprennent probablement du poids (le fameux « effet

yoyo »). Elles s’en veulent sans doute beaucoup pour leur manque de discipline, qui pourtant les sauve, d’une certaine façon, des TCA. En se réalimentant, elles constatent en outre que leur métabolisme affaibli les fait maintenant stocker beaucoup plus

vite : une personne peut, par exemple, se mettre à grossir en ne consommant que 1500 calories, alors qu’auparavant elle maintenait un poids stable à 2000 calories ou plus.


Le métabolisme a donc été « endommagé ».


Ces dommages sont-ils réversibles ? Les études montrent qu’ils le sont, dans la grande majorité des cas. Les conclusions de l’expérience du Minnesota par exemple, indiquent que la plupart des sujets, dont le métabolisme avait chuté de 40% en moyenne, ont retrouvé un fonctionnement sain au bout d’environ douze semaines de renutrition (pour certains, cela a été un peu plus long, mais tous ont récupéré).


Le métabolisme est donc beaucoup plus adaptable et moins prévisible qu’il n’y paraît.


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Comme l’indique Elisa Oras, sur le blog Follow the Intuition : nos corps sont « de la biologie, pas des mathématiques » ! La théorie des calories est sans doute correcte d’un point de vue thermodynamique, et pourtant elle est mise à mal lorsqu’il s’agit d’étudier les réactions de notre organisme.


Par exemple, en juin 2011, les chercheurs Barry Popkin et Kiyan Duffey de l’université de Caroline du Nord, ont montré qu’un panel de sujets, suivis de 1977 à 2006, a vu augmenter son apport quotidien d’environ 570 calories, sans aucune conséquence sur leur poids moyen. Selon la théorie des calories, chacun d’eux aurait dû prendre…

215 kilos ! Les deux chercheurs postulent que le métabolisme des personnes se serait adapté, cette fois à la hausse : dans le cas d’une alimentation plus abondante, l’organisme n’ayant plus de raison de se montrer « économe » vis-à-vis de ses dépenses énergétiques, il se montrerait au contraire plus « dépensier ».


Des recherches menées en laboratoire dans des dispositifs nommés « chambres métaboliques » permettent d’expliquer ce phénomène. Matt Stone expose ceci dans son livre Diet Recovery. Lorsqu’une personne dont le métabolisme est sain mange plus qu’à son habitude, plusieurs processus se mettent en place automatiquement :


- augmentation des dépenses énergétiques liées à la digestion ;

- réduction (involontaire !) de la faim sur les repas suivants ;

- augmentation du niveau global d’énergie, et donc augmentation (involontaire !) de l’activité physique ;

- augmentation du pouls ;

- augmentation de la thermogenèse ;

- augmentation de la sudation ;

- augmentation de le lipolyse (dégradation des graisses) ;

- etc.


Au final, c’est tout à fait logique : quand nous buvons plus, nous urinons plus ; quand nous inspirons plus, nous expirons plus ; et quand nous mangeons plus, nous dépensons plus. L’idée selon laquelle maintenir son poids de forme impliquerait forcément de réduire ses calories et/ou d’augmenter, de façon intentionnelle, ses dépenses physiques est ainsi mise en déroute.


On comprend ici que les notions de métabolisme et de set-point sont très fortement corrélées : les différentes adaptations du métabolisme, dans un sens (augmentation) ou dans l’autre (diminution) n’ont en effet aucun autre but, que celui de maintenir le corps à son poids d’équilibre. En augmentant ou en diminuant spontanément son métabolisme, le corps protège donc son set-point, et ce de façon automatique et inconsciente, sans qu’il soit nécessaire d’intervenir (au même titre par exemple que nous n’avons pas besoin de penser à respirer pour rester en vie).



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Bien entendu, il ne faut pas en conclure que l’excès calorique exagéré et répété puisse être sans conséquence : dans nos sociétés occidentales, l’hyper-abondance alimentaire, les problèmes d’obésité et/ou les maladies qui en résultent, sont un réel problème.


Toutefois, les remèdes appliqués s’avèrent encore pires que le mal : la « culture des régimes », loin de se cantonner aux magazines féminins ou aux vlogs de « fit-girls », est absolument partout. Chacun y va de sa petite remarque sur ce qui fait plus ou moins grossir, plus ou moins stocker, sur le fait qu’après le moindre écart, il faille penser à compenser ou à éliminer... La plupart de ces remarques, en plus d’être bien souvent fausses et malvenues, sont parfaitement toxiques pour les personnes ayant des TCA, qui auront tout intérêt à s’en distancier, si elles souhaitent guérir.


En cela, la notion de set-point et la bonne compréhension du métabolisme sont deux antidotes imparables. Loin d’être l’apanage de quelques « chanceux » au métabolisme hors-norme, quiconque accepte son set-point peut maintenir un poids stable sans aucune forme de contrôle.


Que rêver de mieux pour ne plus jamais se mettre en restriction ?





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