1.3 Postulat de départ
- annem111
- 2 juin 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 juin 2021
Les crises de boulimie en elles-mêmes n’ont aucune cause psychologique profonde.
Contrairement à ce qu’avancent certains thérapeutes mal informés, elles n’ont pas pour origine :
- un vide existentiel ou affectif,
- une tendance à l’autodestruction,
- une problématique de vengeance symbolique vis-à-vis de sa mère ou de son père,
- la fuite inconsciente des rapports de séduction ou du sexe opposé en devenant obèse
- (ou toute autre explication de type « freudienne »).
Elles ne sont pas non plus une façon de gérer un stress chronique, des angoisses sous-jacentes, des désordres plus ou moins graves de l’estime de soi ou de la personnalité.
En fait, les crises de boulimie sont juste une réponse biologique tout à fait normale du corps soumis à un état de « semi-famine ».
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Dans la « vraie vie », cet état peut avoir été déclenché de plusieurs façons :
- Un régime hypo-calorique (sachant que la plupart des méthodes se présentant hypocritement sous d’autres noms du type « rééquilibrage alimentaire » ou « méthode X/Y/Z » sont aussi des régimes hypo-caloriques) : l’apport journalier est souvent aux alentours de 1200 calories pour une femme, 1500 calories pour un homme, soit moins que dans l’expérience du Minnesota (les sujets recevaient en moyenne 1570 calories).
- Une phase d’anorexie : comme dans le régime hypo-calorique, la personne abaisse plus ou moins volontairement ses apports journaliers (la plupart des personnes anorexiques consomment moins de 1000 calories, souvent aux alentours de 500, ce qui induit un état de famine bien plus important que dans l’expérience du Minnesota).
- Une période de malnutrition, pour des raisons économiques (manque d’argent) ou conjoncturelles (par exemple, il a été décrit que certains candidats d’émissions de télévision du type Koh Lanta développent -hommes comme femmes- les mêmes troubles que les sujets du Minnesota, lorsqu’ils réintègrent leur vie ordinaire).
- Certaines personnes peuvent avoir tenu des restrictions plus modérées (ou plus sélectives) sur de plus longues périodes : de nombreuses femmes notamment s’imposent des principes alimentaires stricts, parfois sur des décennies (« régimeuses chroniques » ou profil orthorexique), puis craquent à la quarantaine ou la cinquantaine ; pour d’anciens sportifs de haut niveau, c’est au moment où ils prennent leur retraite et abandonnent leur diète de champion.
- La malnutrition peut aussi résulter de modes alimentaires mal suivies et/ou peu adaptées (crudivorisme, jeûnes, diète cétogène…), ainsi que de stratégies d’amaigrissement inadéquates (chirurgie bariatrique, consommation de pilules « coupe-faim » ou de laxatifs…).
- Enfin, l’état de semi-famine peut remonter à l’enfance et être plus difficile à cerner : certains enfants passent par des phases où ils sont très difficiles, ont des dégoûts, s’alimentent peu, ou sont forcés par leurs parents à manger d’une façon qui ne leur convient pas, ce qui provoque une dénutrition qui, si elle n’est pas vécue à cet âge comme une anorexie, n’en a pas moins les mêmes effets sur le corps et le cerveau, et peut agir comme déclencheur.
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Les troubles boulimiques sont donc toujours précédés d’une période de restriction alimentaire, plus ou moins volontaire, ayant entraîné une perte de poids, plus ou moins importante. Il y a toujours un ou des antécédent(s) de restriction, qui peut se présenter sous différentes formes.
La boulimie est, au même titre que l’anorexie, un trouble alimentaire restrictif.
Là encore, il faut noter que le poids corporel n’est pas un indicateur fiable : quand elles déclenchent les crises de boulimie, certaines personnes sont très en dessous de leur poids de forme et présentent un profil squelettique, comme les sujets du Minnesota, mais ce n’est pas systématique. Par exemple, une personne obèse qui suit un régime hypo-calorique est tout à fait susceptible de déclencher des crises, précisément parce qu’elle a induit un état de semi-famine, alors que cela ne paraît pas et qu’elle peut être encore en surpoids.
D’une façon générale, il semble que la majorité des personnes boulimiques ont un IMC (Indice de Masse Corporelle) dans la norme. Les restrictions ne sont donc, la plupart du temps, pas clairement « visibles ».
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